samedi 4 février 2012

- La traversée du Sahara (3ème partie et fin, Tamanrasset - Niamey)


10 - Chronique d'une famille lorraine : les ROSART de LEZEY en Moselle - III - Histoire d'une vocation - La traversée du Sahara (3ème partie et fin, Tamanrasset - Niamey)

« Ce qui n’est pas dit n’existe pas, ce qui n’est pas écrit n’existe plus »


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-Jeudi 14 : 6h départ pour le TANESROUFT, le désert des déserts. C’est l’équivalent vers l’Ouest du TENERE vers l’Est. Il y fait aussi chaud. Il nous faut le traverser de nuit impérativement sous peine des pires ennuis pour les personnes et les matériels. Quelques explications. Il parait que la piste au sud de TAM est pendant tout l’été en sens interdit Nord-Sud, mais allez savoir pourquoi. Il nous faut donc rejoindre la seconde piste qui descend vers l’Afrique Noire en traversant le SAHARA. C’est la piste dite « de BIDON CINQ ». Elle est à 500 km plus à l’Ouest. Entre les deux pistes descendantes, 500km dont 400 à travers le TANESROUFT. C’est ce qui nous attend.





On repart donc vers TIT, puis on prendra la nouvelle piste balisée deux mois auparavant par la SOGETEC, et connue de SZLOBODA qui y a travaillé. Le balisage consiste en un repère aérien, un mât, tous les 2,5km. Ce repère indique la direction du repère d’avant et la direction du repère d’après. Entre deux repères, une trace laissée au sol par un convoi de voitures traînant de grosses chaines sur le sol. Un peu sommaire, car si les traces restent visibles là où la piste est cailloutée, elles sont effacées par le moindre coup de vent sur les parties où le sable est présent. Å défaut de mieux on fera avec.


Heureux de cette épreuve passée haut la main, on repart et on roule vite, la piste est bonne. On traverse un oued à sec et on se perd pour la deuxième fois. Exécution du numéro de cirque, on retrouve la piste. Une crevaison au km 220. Il est 2h du matin on s’arrête un peu fatigués.
-Vendredi 15 : 5h lever, démarrage sur les chapeaux de roue, on est en retard sur les prévisions. Il fait bon. Cailloux et sable, puis un plateau où on roule vite. 9h ennuis de pompes. Je prends le « coupé grand-sport», puis tout marche bien. Panne sèche de ma voiture à 30 km de l’arrivée. Depuis son accident le coupé n’a plus d’instruments qui fonctionnent au tableau de bord. A 12h arrivée à destination, Bordj-le-Prieur. Le TANESROUFT ne nous a pas eus.







-Samedi 16 :   lever à 9h. J’ai mal au ventre. Gendarmerie française et douane soudanaise pour les formalités. Les douaniers font du zèle, même un peu trop, nouvelle indépendance oblige. On fait profil bas pour partir au plus vite. Après-midi sieste, pleins d’essence chez GARCIA. Les habitants sont noirs. Départ à 19h pour GAO. On emmène deux voyageurs qui font du stop. Bonne piste, on dépose un voyageur à 100km. Je ne peux plus conduire, j’ai trop mal au ventre. Je monte avec LAFLEUR. On s’enlise deux fois (d’abord un véhicule, puis trois). On s’arrête à 3h pour dormir, à 320 km de GAO. J’ai bien dormi après avoir bu un grand Ricard sec.
-Dimanche 17 : départ à 6h. J’ai encore un peu mal au ventre. Il y a un village à côté et un peu de verdure autour. La piste est bonne. On embarque un soldat et un vieux Monsieur énorme qui nous accompagnent jusqu’à BOUREM au bord du NIGER. À 11h pause d’1/4 d’heure. Il reste 95km.







- Mardi 19 : lever à 5h et départ à 5h30. J’ai à nouveau mal au ventre. LAFLEUR crève dans un virage. Puis beaucoup d’eau sur la piste. On passe la frontière du NIGER. Arrêt long de 1h30 à un barrage de pluie à 120km de NIAMEY. BANNWARTH ne suit pas, il a crevé. Un car transsaharien le dépanne. Notre voiture qui va devant fonce dans une énorme flaque d’eau. Moteur noyé. Le car nous rattrape et tombe en panne. Depuis le matin, je vais poser culotte pour la 5ème fois. Ça nous met en retard. J’ai la chiasse. Il y a bien longtemps qu’on n’a plus de papier-cul. Il faut se démerder. On utilise les pratiques locales, c’est-à-dire des cailloux lisses lorsqu’il y en a. Lorsqu’il n’y en a pas c’est plus ardu. Le sable n’est pas très pratique, ça gratte et après ça démange, c’est quasi insupportable.
On repart à 11h30. BANNWARTH passe devant mais s’enlise. Ensuite bonne piste. On roule vite. On subit une très grosse averse, mais il faut rouler, car c’est une « averse locale ». Il peut pleuvoir 2h au même endroit. De fait, 10 minutes plus loin il ne pleut plus. Je manque un virage, mais on s’en sort sans dégâts. Å l’entrée de NIAMEY on a une panne sérieuse sur notre pompe. Å 14h15 le convoi au complet arrive à l’agence SOGETEC où le chef, Monsieur MAUBERT nous accueille, chaleureusement cela s’entend.














Pour mesurer la réelle dimension de l'exploit réalisé, voir les commentaires de connaisseurs sur:                         http://amis-pic-laperrine.forumpro.fr/t992-des-nostalgiqueswww.google.fr



Et pour les nostalgiques du mythique Sahara voir aussi le très beau et très documenté site de Yves Rohmer sur :        
                                                                                                                                                           http://saharayro.free.fr/



Le récit de ce voyage a été publié dans la revue ARTS et INDUSTRIES, N° 264 de Juin 2011, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'exploit. Les huit participants s'étaient retrouvés en Alsace pour échanger leurs souvenirs.



Dernière minute:
Une version romancée du voyage vient d'être éditée dans le livre de Gilbert CARNEVALI:
"Les passions noires et blanches" De la Haute-Volta à la Haute-Corse, aux Éditions Bénevent, 4ème trimestre 2012.



Pour fêter le cinquantième anniversaire de l'exploit, les heureux rescapés se sont retrouvés.








                                        Ce knol fait partie de la collection   Chronique-d'une-famille-lorraine...

Commentaires 


1 commentaire:

ROSART Maurice a dit…

Commentaires transférés du site :

« LES AMIS DU PIC LAPERRINE »

Des nostalgiques J.J.O. le Ven 25 Fév - 15:59

Il n'y avait pas que des "bidasses" au Sahara.
Je viens de trouver un site perso qui commence ainsi :

Il y a cinquante ans cette année, 8 étudiants de la section Topographie de l'ancienne ENIS, (Ecole Nationale d'Ingénieurs de Strasbourg, actuellement notre INSA), traversaient en voitures le Sahara en plein mois de Juillet, sans assistance technique, ni expérience de l'épreuve, pour aller accomplir un stage professionnel au Niger.
Pour fêter l'évènement, les 8 participants à cette randonnée "risquée" se sont retrouvés en Alsace le 27 Octobre 2010 à Obernai autour d'un bon repas …

La partie In Salah / Tamanrasset devrait vous rappeler bien des choses … Clic ici
Re: Des nostalgiques Alain P le Ven 25 Fév - 21:31

JJO, tu as trouvé là un merveilleux récit: tout de même, il fallait une certaine témérité pour faire ce trajet de Silet à Bidon V (car pour en avoir parcouru une partie) il n'y avait pas de piste et les repères... il fallait les chercher; nous étions en convoi avec la radio reliée à la base et ces étudiants n'avaient rien s'ils s'égaraient ou tombaient en panne...chapeau.
Re: Des nostalgiques claudius le Sam 26 Fév - 8:18

Au travers de ce récit j'ai de nouveau ressenti ce que j'ai vécu il y a 50 ans.En effet leur parcours en juillet 1960 a été rigoureusement le mien 10 mois après et à de nombreuses reprises.
De Djelfa à Tam en passant par Fort Miribel , le Tadémait , la piscine d'In salah , Arak et son trou d'eau dans lequel on " barbottait ".Même la tenue vestimentaire est présente : le légendaire chapeau de brousse !!!
J'avais déja évoqué ces noms sur le forum avec quelques photos.
Il manque seulement beaucoup de degrés !!

Merci pour ce retour dans le passé.
Re: Des nostalgiques Robert le Sam 26 Fév - 9:16

Une belle aventure qu'ils on vécu à l'époque.